*The daydream of Dixanadu - Mana day part 2*

Il est là, assis, avec son regard. Son regard qui fuit parfois même son être. Ces coups d'oeils lancés tout autour de lui, qui guettent sans relâche, qui expriment sa gêne irrépréssible, son vouloir de ne pas dévoiler tout ce que ces beaux yeux cachent et murmurent sans cesse. Ils parlent de leur coeur sombre que l'on ne voit jamais et qui restera inconnu. Ils dégagent une telle lumière à travers la cage sombre des grand cils plasitifiés que l'on ne peut les imaginer s'éteindre comme ça à chaque soir. Ses lèvres ne s'ouvraient presque pas, mais parfois offraient le privilège de se recourber juste un peu, pour mimer un sourire.

Puis dans un temps qui n'est même plus déterminé, qui n'existe pas, il n'est plus là. Il est debout, plus loin, dans l'obscurité d'une cuisine bien modeste, éclairée seulement d'un petit plafonier près de la fenêtre, au dessus de l'évier vide. Son visage est étranger à la vue. Ses cheveux sont si beaux, si libres et longs, et noirs... Il cuisinait. Sa façon de se pencher juste un peu au dessus du plat pour découvrir chacune des dizaines d'épices qu'il contient et le petit haussement d'épaules qu'il fait après s'être avoué ne pas pouvoir faire mieux.

Tous ces angles singuliers qui sculptent son visage tellement simple créent ensemble cette fascination de se demander pourquoi, après avoir pu voir ce talent d'artiste étalé sur cette face en poudre et en ombres, peut on peut être mystifié, attiré et bouche-bée par un visage quasi commun, mais le sien...  un visage aux yeux bridés, presque ronds, au nez plongeant, avec cet angle parfait, sans ondulations disgracieuses, et ces lèvres toutes petites, charnues, boudeuses... !

Je ne me souviens plus de tout le reste. C'était si beau pourtant. Mon rêve s'est évaporé et n'a laissé qu'une marque encore plus évidente que ce que je sais déjà, ce que j'avais déjà vu, mais avec un coup de foudre plus fort encore. Je ne me souviens que de lui, assis là tranquille, avec un visage paisible, presque souriant franchement. Il était devant moi, normal et humain, assis sur le même fauteuil que moi. Et il me semble que je l'ai entendu parler... Ça résonne encore. Je ne sais pas ce qu'il a dit, mais c'était doux et plein de bonheur. Pourtant, il n'y avait nulle conversation.

Je me rapelle aussi ce moment où à la cuisinière, j'ai osé de par derrière lui, passer mes bras autour de sa petite taille. Il était à peine plus grand que moi, sans ses bottes de prince. Mais le vrai prince, est-ce ce guitariste connu, maquillé, mystérieux et rempli d'un pouvoir sombre comme il le laisse entendre ou est-ce cet homme là, que les gens ne connaissent pas, qui parle, qui sourit et qui rit même avec éclat parfois, qui est si beau, sans toute cette superficialité apposée à son visage unique, mais qui crée ce monde, qui est leur monde à eux deux, qu'ils partagent et qu'ils ne peuvent se séparer ?

Est-ce que je suis la seule malade à voir l'homme derrière la Jeune-Fille, son sourire lorsqu'il joue avec son groupe, et son humour étrange, son regard timide qui veut s'effacer de son corps de Rock Star, parfois... ?

~ Dix Love  ~